24 Mai - 13 Juillet 2002
BETTINA RHEIMS
Chambre Close - L’Integrale
galerie jerome de noirmont

communique de presse

Du 24 mai au 13 juillet 2002, Bettina Rheims a exposé pour la première fois l´intégralité de la série mythique Chambre Close réalisée en 1991, soit 85 photographies, dont plusieurs inédites.

Dans le manuscrit imaginé par Serge Bramly pour accompagner la série de photographies de Bettina Rheims, Mr X est un citadin dont la vie ordinaire et tranquille bascule dans la clandestinité le jour où il décide de se laisser guider par ses pulsions si longtemps refoulées. Poussé par un soudain et envahissant désir sexuel, Mr X aborde des jeunes femmes au hasard de ses rencontres quotidiennes, sans critère esthétique précis, uniquement guidé par leur sensualité. Se faisant passer pour un photographe, il les fait poser dans des chambres d´hôtel aux papiers peints imprimés, sur des couvre-lits douteux.

Si Mr X éprouve un désir ardent, une attirance irrépressible pour la femme qu´il aborde, ce désir s´anéantit lors de la prise de vue. Voyeur devenant alors photographe, son désir sexuel se meut en appétit purement visuel, l´aventure concerne l´oeil, non le sexe. Au voyeurisme initial de Mr X. succède l´exhibitionnisme de la femme photographiée, qui transgresse sa pudeur et ses tabous pour se libérer et se révéler totalement, se confessant au photographe comme à un prêtre.

"J´aime la chair. Je suis un photographe de la peau". Cette auto-définition de Bettina Rheims prend toute sa dimension dans la série Chambre Close, où l´artiste prend le rôle de Mr X, à la recherche de l´instant magique et profondément intime où la femme se dénude et dévoile la transparence et la finesse de sa peau.

Premier travail de Bettina Rheims réalisé en couleur, Chambre Close va à l´encontre de l´esthétisme noir et blanc de ses séries antérieures pour ne conserver que la vision du réel, dans son aspect cru et audacieux. Par l´utilisation de la couleur et la qualité extrême des tirages, la chair apparaît vivante et donne à l´oeuvre un réalisme déconcertant. Bettina Rheims transcende ainsi le corps pour atteindre la féminité primitive dans son "ça" psychanalytique, celui de ses pulsions plus ou moins refoulées, pulsions sexuelles en particulier. En même temps que ces pulsions peuvent affleurer à la conscience du modèle, à sa peau, l´artiste les capte sur sa pellicule. Comme Mr X est entré dans la clandestinité pour assouvir ses convoitises féminines, Bettina Rheims s´est glissée dans la peau de ce personnage fictif pour donner vie à ces photographies et donner corps à cette obsessionnelle approche du nu qui la guide toute entière.

"Chambre Close, ce sont autant des nus que des chambres d´hôtel. Le banal, l´impersonnel, l´effacement de toute trace d´appropriation sont l´état normal de ce genre de lieu." Créant une situation tout à fait exceptionnelle grâce au caractère doublement éphémère du lieu et de l´instant, la mise en scène dans laquelle Bettina Rheims plonge son modèle est parfaitement maîtrisée, tant en ce qui concerne le décor que la mise en confiance du modèle qui s´oublie elle-même en donnant à l´oeuvre toute son instantanéité et sa force. Chambre Close est une série sur la banalité : banalité du fantasme, du modèle et du lieu. L´originalité de Bettina Rheims est de retirer à la photographie son caractère figé et d´offrir au spectateur à travers ces instants uniques de vie une nouvelle vision du monde qui l´entoure. Les modèles choisis sont des femmes que nous côtoyons tous les jours, et leur attitude nous fait prendre conscience d´une réalité insoupçonnable jusqu´alors.

"J´ai voulu jouer avec les désirs et les fantasmes, travailler sur la séduction, ce qu´on montre ou ce qu´on ne montre pas et jusqu´où on va. Si l´on joue et l´on se montre aujourd´hui, c´est peut-être parce qu´il n´y a plus que ça de sûr : le voyeurisme."